370                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Amiens. — La ville d'Amiens possédait encore, vers la fin du xvnc siècle, cles métiers de haute lice. Le fait est attesté par les tapissiers parisiens clans l'introduction aux statuts de 1718. 11 se trouve confirmé par la démarche tentée, en 1683, par un tapissier sergier de Reims, qui, ayant reçu d'un bourgeois de la ville la commande de plusieurs tentures, appela cles ouvriers de haute lice d'Amiens pour lui prêter assistance. Les noms de ces artisans ont été signalés par M. Loriquet, qui a fait connaitre ce curieux témoi­gnage de la persistance de la tapisserie à Amiens. Nous en avons déjà dit quelques mots plus haut.
Nous ne nous occupons point ici du travail cles tapis à haute laine, dits à la façon du Levant, qui se fabriquaient à la Savonne­rie. Cette industrie est complètement indépendante de la tapisserie de haute ou de basse lice. Constatons toutefois, en passant, que l'établissement créé par Pierre Dupont et Simon Lourdet reçut de Louis XIV de précieux encouragements.
Les écrivains contemporains vantent beaucoup le tapis en quatre-vingt-douze morceaux commandé pour couvrir le parquet de la grande galerie du Louvre. L'exécution d'un pareil travail exigea naturellement un temps considérable. L'inventaire du mobilier de Louis XIV a conservé la description minutieuse de ces quatre-vingt-douze pièces, dont fa plus grande partie existe encore dans les magasins du mobilier national.
Aubusson, Felletin et Bellegarde. — Les manufactures d'Au­busson, de Felletin et de Bellegarde profitèrent, elles aussi, dans une large mesure de la sollicitude de Colbert pour toutes les industries nationales, et durent à sa protection comme une sorte de renaissance. Un des premiers soins du ministre avait été de provoquer une enquête sur les besoins cles fabricants de la pro­vince. Les chefs d'atelier ainsi sollicités envoient, le 17 octobre 1664, un des leurs, Jacques Bertrand, porter aux pieds du souverain l'expression de leurs vœux. A son retour, un projet de règlement est arrêté clans une assemblée générale cles habitants; ce projet reçoit la sanction royale au mois de juillet 1665.
Les entrepreneurs d'Aubusson, qui occupaient encore de quinze à seize cents ouvriers, attribuaient la décadence de leurs métiers à deux causes principales : mauvaise qualité cles laines et de Ia